Voter par Internet : une bonne idée ?

Le 24 mai 2020, plusieurs élus, dont François Bayrou ou le sénateur Patrice Joly, ont proposé au Gouvernement d’expérimenter le vote par Internet au second tour des élections municipales afin de permettre aux personnes d’exprimer leur suffrage de chez eux et éviter une abstention importante.  

Pas de précipitation

Un certain nombre d’élections sont organisées ainsi en France et plus particulièrement pour les Français établis à l’étranger. La lecture du compte rendu sur le dernier test en grandeur nature relate très bien la mise en œuvre de ce mode de vote qui s’est assez bien déroulé et n’a pas montré de difficultés particulières. Cela est notamment au fait que les Français de l’étranger ont pu tester plusieurs fois et s’habituer. 

Par contre, si la démarche s’opère avec plus de précipitation comme en Pologne, l’élection a toutes les chances de connaitre des dysfonctionnements majeurs. Dans des pays comme l’Estonie, qui ont misé il y a longtemps sur ces technologies, le vote par Internet est courant. La Suisse a également opté pour ce mode de scrutin car les citoyens helvètes se rendent plus souvent aux urnes à l’occasion des votations. 

Les technologies sont (bientôt ?) mûres  

Le plus grand reproche fait aux prestataires de solutions de vote par Internet est la sécurité. A ce jour, personne ne la garantit à 100% et la plupart des acteurs sur le marché (Neovote, Election Europe, Euro Vote, etc.) se positionnent sur les élections des organisations privées (sociétés civiles et commerciales, associations, fondations, groupements d’intérêt économique, coopératives, mutuelles, fonds de dotation). 

Ces outils numériques ont permis la tenue des AG et le respect des délais comptables dans un contexte favorisé par une ordonnance du Gouvernement (autorisation valable jusqu’au 31 juillet 2020). Le Ministère de l’Economie et des Finances a par ailleurs fourni un guide pour les encourager à sauter le pas. 

Sécurité : la solution Blockchain

Les regards se tournent désormais vers la Blockchain puisque cette technologie, dite du pair-à-pair, transforme chaque votant en assesseur potentiel de l’ensemble des votes. En effet, toute tentative de fraude supposerait qu’il y ait simultanément une modification de l’ensemble des votes sur tous les ordinateurs ou smartphones des votants. 

Les acteurs français de la Blockchain se sont d’ailleurs montrés actifs pour inciter les acteurs publics à tester et investir massivement pour trouver une solution technique enfin sécurisée permettant un vote par Internet en toute confiance. 

Quelles réponses de l’Etat ?

Pour le moment, ces appels vont rester plutôt lettre morte, l’Etat souhaitant miser sur la possibilité de faire procuration. Cette démarche reste fastidieuse car elle demande de se déplacer dans un commissariat ou une gendarmerie bien que le formulaire soit téléchargeable en ligne. C’est pourquoi les sénateurs ont fait un certain nombre de propositions pour mieux protéger les électeurs. 

Pour aller plus loin 

Le vote par Internet ne doit pas être confondu avec le « vote électronique », concept différent et bien plus ancien puisqu’il est testé et autorisé en France depuis 1969. Il s’opère via des machines à voter en présentiel dans les bureaux de vote mais sa pratique n’a jamais vraiment décollé. Cet excellent dossier vous permettra d’y voir plus clair.